Projets Chambres

CHAMBRES DOUBLES

De 2004 à 2007 Vincent Roumagnac dirige avec Collectif Sept une réflexion multimédia (théâtre, danse, photo, vidéo,écriture) autour du thème des «schizophrénies quotidiennes». Il ne s’agit nullement de rendre compte d’un point de vue documentaire et psychiatrique de cas de pathologies lourdes mais plutôt d’observer scéniquement comment l’individu pense, agit et (contre)dit dans l’intimité de sa solitude (les chambres), sa structure et son désir. Des chambres à vue comme des lieux d’expérience du regard (voyeurisme ?) sur les stases et les métamorphoses du moi, scindé entre échappées et empêchements. Une question fondamentale : celle de la liberté. Choisir la chambre, la cellule, le lit ou l’atelier c’est réduire le cadre mental à son minimum spatial, c’est tenter de créer un espace de nudité initial pour observer cette liberté, vécue ? résiduelle ? illusoire ? inexistante ?

#1 Camille (Mon petit Paul !) d’après la correspondance de Camille Claudel
#2 Peter d’après Cité de verre de Paul Auster
#3 Louis d’après L’Echange de Paul Claudel
#4 L’Homme Atlantique d’après L’homme atlantique de Marguerite Duras
#5 Kostia texte d’Emmanuel Guez d’après La mouette d’Anton Tchékhov

Les CHAMBRES DOUBLES ont été créées et représentées au Théâtre Le Colisée à Biarritz, au 5, ArndtStrasse à Berlin, au Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon, à l’Usine de la Comédie de St-Etienne, à l’Elysée à Lyon, à la Scène Régionale de la Ricamarie et au Théâtre de Vénissieux.

CHAMBRE DOUBLE #1 CAMILLE (MON PETIT PAUL !)

Multiplier et expérimenter différents procédés narratifs dans l’écriture, originale ou référencée, et dans les formes choisies de la représentation. Composer un jeu de mixte entre espaces clos constitués d’extraits de littérature classique et espaces de liberté (ou de réalité, de présent…) sous forme d’improvisations, verbales ou chorégraphiques, utilisées comme matériau brut ou réorganisées dans l’écriture.
Proposer une composition narrative protéiforme, une écriture-miroir de nos inconscients saturés de référents et d’informations univoques pour proposer un portrait de l’Etre se  définissant non pas en somme de vérités énoncées mais en terme de mouvement, de mutation, de devenir, d’incertitude, de provisoire de la pensée et de la sensation. #1 Camille / mon petit Paul ! ou comment exprimer la double confrontation intime d’une femme et d’une création contemporaines à la puissance d’un mythe romantique, celui de Camille Claudel,
femme-icône et artiste « géniale », paradigme de l’art moderne.
#1 Camille ou comment dire l’agitation et la perte d’une recherche d’identité contemporaine en zone de crash des images, des modèles, des fictions, des représentations romantiques et des systèmes moraux.Il est question ici d’intimité et de nostalgie, de folie fantasmée ou bien réelle (qu’est-ce que c’est ?), de dissolution de l’être. Il est question aussi de résistance à celle-ci, par l’acte double de l’écriture et de la représentation théâtrale. De la création. Dont le dispositif reste à définir.

camilleDistribution :
Mise en scène : Vincent Roumagnac
Avec (en alternance)
Nathalie Ortega
Valérie Larroque
Lumière : Richard Gratas
Dispositif : Vincent Roumagnac/Audrey Gonod

Corpus textes : Correspondances Camille claudel, Extraits Paul Claudel, Biographie par Reine-Marie Paris, Extraits Michel Foucault
CHAMBRE DOUBLE #1 CAMILLE (MON PETIT PAUL !) a été montré au Colisée à Biarritz en 2004, au théâtre L’Elysée à Lyon en 2005 et au Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon en 2006.

CHAMBRE DOUBLE #2 PETER

Du 14 au 20 mars 2005, Vincent Roumagnac a présenté à Berlin La Chambre de Peter, dont l’intégralité du texte est extrait de Cité de Verre de Paul Auster. La pièce se joue en appartement. Il ne peut d’ailleurs en être autrement. Accueilli par la femme de Peter Stillmann – Lui, sorte de Gaspar Hauser américain ou enfant sauvage des temps moderne ; Elle mi-hôtesse, mi-infirmière, le spectateur est invité à patienter dans une salle d’attente reconstituée. Inquiète ou pensive, l’attente est cependant orientée : une vidéo – car Roumagnac est aussi vidéaste, montrant une série d’images parfois figées parfois montées, dans la répétition ou dotées d’une certaine durée, mais toujours floues, place le spectateur au cœur de là où il doit être : à New-York.
Condamné au silence et enfermé durant son enfance par un père qui s’est vraisemblablement pris pour Frédéric II de Hohenstaufen ou pour Salimbene, Peter entend les spectateurs entrer un à un dans sa chambre. Mais il restera muet, laissant une cassette enregistrée parler pour lui et de lui. C’est à cette chose mécanique, avec lequel il n’hésite d’ailleurs pas à jouer, faisant avancer ou reculer la bande, l’interrompant aussi, que Peter a donc confié le soin d’exposer sa folie et ses causes. Ce qui est dit ne se réduit cependant pas ici aux mots tant Peter dit aussi sa folie avec son corps dont le rapport aux mots est parfois disjonctif, parfois conjonctif. Au carrefour de La Dispute, de  La Dernière bande de Beckett et des analyses de Foucault sur la folie.

Emmanuel Guez

peter
Distribution :
Direction: Vincent Roumagnac
Avec Denis Lejeune
Et en alternance :
Laetitia Le Mesle
Christel Zubillaga

A partir de Cité de verre de Paul Auster
CHAMBRE DOUBLE #2 Peter a été présenté en appartement privé à Berlin en 2005

CHAMBRE DOUBLE #3 LOUIS

Conduite (extrait) / Ouverture
Post-coital / Ly.=marilyn en off / fume
Berceuse irlandaise – T. nu se rhablille
DO NOT ENTER – Misty
Ecran : caméra de surveillance>lit, puis mer et vagues (Soleil vert),
Baudrillard (Amérique) dans le magnéto, à peine audible.
L. dans le lit, nu, prostré, monologue inaudible ( nu+ veste jogginig capuche) Insomnie, gun, suicide…
Aria : entrée M. T. & Ly., M. enlève le gun de ses mains, le pose sur le lit, récupéré par T. sourire figé,
Ly. récupère ses lunettes de soleil au fond du lit en passant son bras entre les jambes de L., les 3 repartent s’asseoir dans les coins.
SLOW MOTION.
Variation néon puis très clair, presqu’aveuglant.
Aveuglant.
Son >>> full puis cut /// Silence – bug.
T. marche sur le lit, attiré par le néon entre les jambes de sa femme, portée-cunilingus-statue de la liberté, passeports dans la bouche, sur l’écran des images de Manhattan
Crise L. / oreiller éclaté
Toujours Baudrillard dans le magnéto en continu jusqu’à ce que M. l’éteigne,
récupère L. par terre (attiré par la lumière du néon là où était L.)
M. se déshabille, ne garde que ses sous-vêtements coton, se couche avec L. apaisé par la présence de M. qui lui ferme les yeux.
Passage de T. avec Ly-chienne en laisse, hurle à la mort longtemps.
Longtemps.
Cauchemar de L.(images Ly. coït, forêt de pins, course jusqu’à la Dune, T. avec masque de Batman…)
Pendant ce temps T. et Ly. sont remontés dans les cintres.

Gunrunner (song by Evan Masson)
Get up, get out
Lock and load
This world’s a war and it’s about to explode
Ill stay the same bis
When people choping in this winds of change
Ill stay the same (bis)
Im biting a bull it in your brain
So much is over, war has passed,
They say they sorry but you know it won’t last
I’m not the range (bis)
My nerves are shotten there’s no sensations sane
Im not the range, they are insane
Im running, the gun’s in your veins
Gunrunner deep in your vein
Ive got a river of blood and this feeling’s the same
they need a war, ah i need some sleep
I’ve got a battle to fight daily caught find in my neesh
Im not the range
Ouh, ouh….

Distribution
Mise en scène/vidéo: Vincent Roumagnac
Avec Muriel Coadou, Nathalie Ortega, Gilles Chabrier, Denis Lejeune
Lumières : Richard Gratas
Scénographie : Audrey Gonod
Musiques : Evan Masson (London) / Anahit Simonian (Paris)
Costumes : BeKanz (Berlin)

A partir de L’Echange de Paul Claudel et d’Amérique de Jean Baudrillard
CHAMBRE DOUBLE #3 Louis a été créé au Théâtre de la Croix Rousse à Lyon et à L’Usine de la Comédie de Saint-Etienne en 2006

CHAMBRE DOUBLE #4 L’HOMME ATLANTIQUE

« Je crois toujours que rien ne remplace la lecture d’un texte, que rien ne remplace le manque de mémoire du texte, rien, aucun jeu(…) Si je devais filmer le texte, je voudrais que les pleurs sur la mer soient montés de telle sorte qu’on voie le fracas de la blancheur de la mer et le visage de l’homme presque en même temps. Qu’il y ait une relation entre la blancheur des draps et celle de la mer. Que les draps soient déjà une image de la mer ». La maladie de la mort – Marguerite Duras

« (…)et j’avoue que tout ce qui est resté du non-dit en moi, dès que j’entends de la musique, se montre, et je pleure, et c’est impossible »
M.D.

ch4

Distribution
Improvisations
Dispositif scénique/vidéo: Vincent Roumagnac
Interprétation : Nathalie Ortega
Musique Live improvisée : Anahit Simonian (piano, pianopréparé)
Lumières : Richard Gratas
Scénographie : Audrey Gonod
A partir de L’Homme Atlantique de Marguerite Duras
CHAMBRE DOUBLE #4 L’homme Atlantique a été tenté au Théâtre de L’Elysée à Lyon en 2006

CHAMBRE DOUBLE #5 KOSTIA

§1. «Monter La Mouette de Tchékhov» revient à entrer dans un cercle, puisqu’il s’agit de créer un objet qui parle de la création en adoptant le point de vue du créateur. Le motif en est éminemment actuel. L’homme créateur n’est-il pas la figure par excellence de l’homme occidental accompli de ce début du 21e siècle ?

§2. Les œuvres d’art ont l’avantage de ne pas mourir, dès lors qu’elles deviennent des archives. Tout le problème pour un artiste actuel consiste donc à faire entrer son œuvre dans les collections des institutions muséales. Une telle démarche lui confère richesse (les œuvres prennent de la valeur), célébrité et … une certaine forme d’éternité – les musées sont conçus pour durer. L’oeuvre d’art donne un pouvoir inouï, le pouvoir de mourir sans disparaître, le pouvoir de se hisser au niveau des morts devenus inoubliables tant leur célébration est régulière et entretenue. Mais, pour atteindre l’Olympe, il faut pouvoir dialoguer avec ses occupants, les vaincre ou se faire reconnaître par eux. Dans la société du spectacle – on se reportera à Guy Debord, ce désir passe par la construction d’une image-de-soi qui doit être suffisamment forte pour être vue des cimes. Il y a peut-être là le sens ultime d’une civilisation qui a donné naissance à l’individu et à sa maladie chronique : le narcissisme.

§3. Les maîtres mots de la création sont le projet qui la définit et le succès qui la fait passer à l’existence. Avoir du succès ou avoir une image dans la société des images est une seule et même chose. Son antithèse : l’échec. Mais ne nous y trompons pas : l’échec ne réside pas dans la forme, ni même dans l’idée – tout est montrable, tout est exposable, tout est représentable, jusqu’à l’ennui, jusqu’au dégoût, jusqu’à l’abject. Échouer consiste plutôt à dépasser la logique de l’image-de-soi qui nourrit celle du projet. Toute la difficulté, c’est donc, pour celui qui aspire aux formes nouvelles, à réussir dans l’échec. Kostia est la figure de ce pari.

§4. Kostia est une pièce où Kostia, un artiste, est incarné par un acteur qui est aussi un artiste contemporain, qui est aussi le metteur en scène de Kostia. Kostia est un vidéaste. L’acteur ou le metteur en scène l’est aussi. Nouveau cercle. Le propre du cercle est d’avoir ni commencement ni fin. Cela vaut aussi pour la mise en scène qui ne sera jamais achevée, en d’autres termes, qui sera renouvelée à chaque représentation. L’apparition aléatoire des images – photos, vidéos, souvent associée à des compositions ou des improvisations musicales, permet à l’acteur / metteur en scène de dégager de nouvelles propositions scéniques, nouvelles propositions qui expriment la création en train de se faire.

kotia

Distribution
Texte original : Emmanuel Guez d’après La Mouette de Tchekhov
Mise en scène/images: Vincent Roumagnac
Dramaturgie : Emmanuel Guez
Avec Muriel Coadou, Nathalie Ortega, Gilles Chabrier, Denis Lejeune, Sophie Rodrigues, Arnaud Bichon et Vincent Roumagnac
Lumières : Richard Gratas
Scénographie : Vincent Roumagnac/Audrey Gonod
Musiques Live : Vale Poher / Anahit Simonian
Costumes : BeKanz (Berlin) / Bettina Kanz assistée d’Amandine Carmeille
CHAMBRE DOUBLE #5 Kostia a été créé au Théâtre de la Croix Rousse à Lyon, à La Ricamarie Scène Régionale et au Théâtre de Vénissieux en 2007